Duplicity

Publié le par zarzuela

 

Duplicity ma riante amie


Quelques scènes qui en soi justifient le film...

 

- Sur le tarmac désert d'un aéroport, deux jets se font face. En sortent deux floppée d'hommes en gris, chacune menée par un chef. En silence, les deux chefs se font face le poil hérissé, paradent en se montrant les dents, poussent des cris inarticulés et s'aggrippent le paletot. Ce que nous voyons est bien la parade de deux primates déguisés en cadres +++, mâles dominants et chefs de horde se disputant on ne sait quoi. Le ralenti ne nous épargne aucune mimique d'agressivité, aucun croc mis en avant, aucune manoeuvre d'intimidation. C'est carrément rien chouette. Ca m'a fait beaucoup rire.



Les chefs d'entreprise sont des primates, comme l'explique d'ailleurs doctement l'un d'entre eux. Mais pourquoi se battent-ils donc ? Pour le pouvoir ? Non. Pour se reproduire ? Non. Pour un territoire ? Non. Pour des idées (oui je sais c'est peu crédible, mais bon) ? Nononon. Ils se battent pour la formule d'une pizza hawaienne ou d'un shampooing anti-calvitie. Des budgets dignes du Pentagone sont dépensés pour garder secrète la formule de la lotion trucmuche, des agents de la CIA sont embauchés dans ce but. L'espionnage et le contre-espionnage se jouent non plus entre nations ou idéologies mais entre Pampers et l'Oréal. Ce qui représente déjà une source non nulle d'hilarité.

 

Surtout quand (deuxième moment de joie) le film nous montre ensuite un serveur à moitié abruti déchiffrer mollement et avec difficulté les noms des pizza en question qui ont fait l'objet de tant de soins : tout ça pour ça, ben mon vieux, z'auraient mieux fait de rester couchés.

 


Bon bref, l'histoire : deux ex-agents secrets Claire et Ray, joués par la pétaradante Julia Roberts et le joli Clive Owen, désirant amasser du brouzouf pour roucouler en paix, se reconvertissent dans l'espionnage industriel. L'exercice de leur métier les inscrivant de fait dans une certaine duplicité (à moi que ce ne soit l'inverse), chacune de leurs furtives rencontres leur dévoile la problématique suivante : quand se mentent-ils, quand disent-ils la vérité ? Évidemment, on ne le sait jamais, et puis disons-le, les alambicages du scénario ne facilitent pas toujours la compréhension.

Mais tout ça n'a aucune espèce d'importance.

 

Non, ce ce qui compte (troisième moment de félicité à connotation esthétisante), c'est de voir Howard Tully, big mega homme d'affaires s'occuper de son bonsaï en dissertant sur le darwinisme entrepreneurial, tournant le dos à Claire que nous voyons de face se détacher sur un fond gris et noir. On dirait une belle photo contemporaine. C'est trop bath, j'adore.

 

Ce qui compte, c'est de voir Ray jouer avec un rubix cube dans un hall de gare, et de se dire : tiens, ce serait pas une référence à Hitchcock, oui certes mais laquelle ? Si un lecteur de passage peut m'aider à répondre, je l'en supplie par avance, qu'il le fasse ! J'ai pour ma part quelque soupçons sur l'Inconnu du Nord express, mais n'ayant plus le dvd, me voilà bien en peine de vérifier quoi que ce soit. Avissss à la population, donc.

 


Ce qui compte aussi (moment de joie intellectuelle), c'est la parfaite définition que donne un personnage du femme, modeste employée de bureau flouée en beauté par Ray, qui pour le coup a payé de sa personne. Cette définition, c'est celle du baratineur. Je vous la donne texto : « Avec lui, je me sentais la femme la plus exceptionnelle du monde. » Ben oui, c'est exactement ça qui permet de distinguer le vrai baratineur du gros relou des bois. Méfiance donc les filles face à celui qui vous fait sentir à la fois miss monde et prix Nobel : tout ce qu'il veut, le monsieur, c'est le code secret du coffre.  

Publié dans Chroniquettes

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